Je regrette d’être allée à l’hôpital.

Je regrette d’être allée à l’hôpital alors qu’il n’y avait aucune urgence vitale.
Je regrette d’être allée à l’hôpital alors que j’allais très bien et mon bébé aussi.
Je regrette d’avoir céder à la pression du système patriarcal, car c’est bien de cela qu’il s’agit.

J’ai de la colère en moi, de savoir que les sage-femmes AAD soient obligées de travailler avec une épée de Damoclès au-dessus de leur tête.

J’en veux au système de ne pas soutenir les sage-femmes.

J’en veux au système d’infantiliser les femmes.

Je m’en veux de m’être fait avoir par le système.
Je m’en veux d’avoir cédé alors que mon cas était simplement une variation de la norme.

Ça fait au moins quinze jours que je négocie avec moi-même pour « oublier ».Ça fait au moins quinze jours que je me persuade que « ce n’est pas si grave ».Ça fait au moins quinze jours que j’ai arrêté de pleurer en parlant de mon placenta.

Et cette semaine, en sortant de mon rendez-vous avec ma sage-femme d’amour, mon utérus s’est remis à pleurer, alors que ne saignais plus depuis plusieurs jours. Il ne pleure pas beaucoup, mais juste assez pour me rappeler sa présence.

Alors aujourd’hui, je me suis autorisée à ressentir cette tristesse que je garde en moi depuis que j’ai repris le cours de notre vie en mode « shiva » dans ma maison. Je suis redevenue la femme qui « assure », la maman qui prend soin de sa famille et qui arrive à faire plusieurs choses en même temps pour le bien-être de tous.

Aujourd’hui, je pleure.
Je pleure en repensant à mon transfert à l’hôpital.

Alors oui, beaucoup me dirait de ne plus y penser, que tout le monde va bien. C’est le principal.

D’ailleurs, c’est ce que disent la majorité des femmes qui ont subi des violences gynécologiques obstétricales et/ou dont les choix n’ont tout simplement pas été respectés « c’est pas grave, mon bébé va bien, c’est le principal. » Et si elles se sentent tristes et/ou en colère, c’est le monde autour qui leur dit « estime-toi heureuse, ton bébé va bien, il est en vie, etc. »

Arrêtez de nier la tristesse d’une femme.

Arrêtez de minimiser la colère.

Arrêtez de banaliser les violences gynécologiques.

Pour ma part, je n’ai pas l’impression d’avoir été violentée, même si ça ne m’a pas enchantée qu’une inconnue aille chercher mon placenta dans mon utérus.

Je ne peux pas m’empêcher de penser « et si on avait laisser le temps à la vie de suivre son cours ? Et si mon placenta avait juste besoin de plus de temps ? », j’aurais pu rester chez moi, dans mon cocon, avec mon bébé, sans injonctions, sans pression…

Je ressens le besoin d’écrire et de le partager.
Je ne peux pas laisser passer cela sous silence et faire genre que tout va bien.

Ma fille se réveille alors que j’écris ces lignes. Qu’est-ce qu’elle est belle. Belle, sereine, curieuse, éveillée.

Je m’en veux de l’avoir embarquée dans ce lieu froid qui bipe de partout alors qu’on était si bien à la maison.

J’ai l’impression qu’elle est ok avec ça et qu’elle ne m’en veux pas, elle.

Hier, j’ai adhéré à l’APAAD et à l’ADAD Toulouse.

J’ai mon côté militante qui se réveille de manière exponentielle dans ce système qui se barre en couilles !!! J’ai conscience que je ne pourrais pas être sur tous les fronts à la fois. Si déjà, je peux contribuer à ce que de plus en plus d’être humains aient une naissance respectée. Après tout, c’est par là que tout commence…


J’ai l’intention de m’inscrire à la troisième cohorte de la formation de Doula de l’école Quantik Doula créé par Karine Langlois et Mélanie Chevarie.

Si toi qui me lis, tu as envie de m’aider à concrétiser ce projet, je t’invite à contribuer à ton échelle en participant à ma cagnotte en ligne.