Mon récit de naissance à la maison
Dans la nuit du 13 au 14 juin, mon aînée se réveille aux alentours de 3H du matin. Je vais la voir dans sa chambre. Je m’allonge à côté d’elle, je lui fais un câlin. Elle se rendort aussitôt. Je reste un peu là. J’ai la flemme de me relever jusqu’au moment où j’ai envie d’aller aux toilettes. Je vais faire mon pipi nocturne et j’entreprends de me rendormir paisiblement dans mon lit.
Sauf que… Je comprends assez vite que je ne me rendormirais pas.
Ça fait déjà plusieurs soirs que j’ai des pseudo « douleurs de règles » avec le ventre qui durcit, mais rien de transcendant. Cette nuit là, c’est un peu la même chose mais en plus intense. Je ne peux pas rester allongée. Je dois me mettre à quatre pattes et souffler. Ah… Peut-être qu’il se passe un truc…
Au bout de 2-3 vagues que je suis obligée de souffler, je me résigne à me lever. Il est 4 heures du matin. Il fait chaud. Je vais sur la terrasse. L’ambiance est calme et paisible. Je suis contente de vivre ces premières heures seule en contemplant la nature. Je mange une banane, me prépare un chocolat chaud, des amandes, des dattes…
Je me souviens de mon premier accouchement où j’avais rien manger du tout et quand c’était devenu plus intense, je ne pouvais plus rien avaler. Ça n’avait pas aidé mon corps à trouver l’énergie nécessaire pour endurer plus de 30 heures de travail.
J’espère quand même que ça ne durera pas 30 heures cette fois-ci… Je sens que non. Il fait encore nuit, le jour va bientôt se lever. J’ai l’intuition que notre bébé arrivera en fin d’après-midi aux alentours de 18H, à peu près au moment où mon compagnon est censé emmener la voiture au garage. J’ai malgré tout espoir que ce soit plus tôt parce que 18H c’est dans longtemps. On verra bien…
5 h – 5h30. J’appelle ma doula. Je tombe sur le répondeur. Je tente un sms et ça ne fonctionne pas. C’est le destin je me dis.
Je résiste à la tentation d’appeler ma sage-femme tout de suite. Je n’ai pas envie de la réveiller pour rien. Entre chaque vague qui me semble déjà assez intense, je fais ma vie tout à fait normalement. Je suis très lucide. Tout va bien.
6h30. J’appelle ma sage-femme. Je la réveille. Mince, j’aurais pu attendre au moins une demie-heure de plus. Elle me demande si elle doit venir tout de suite ou si elle a le temps d’emmener ses enfants à l’école à 8h15. Je lui dis qu’elle a le temps d’emmener ses enfants. C’est pas pour tout de suite. Avec le recul, j’aurais pu l’appeler bien plus tard mais j’avais besoin de parler à quelqu’un qui sait ce que c’est qu’une femme qui enfante.
7h. Toute la maisonnée dort encore. J’envoie un sms à quelques amies pour leur demander d’allumer une bougie pour nous. Je leur dis que c’est peut-être pour aujourd’hui… Je vocalise déjà à chaque vague qui me traverse.
7h30. Thomas se lève déjà, lui qui n’est JAMAIS aussi matinal d’habitude. Il sentait qu’il se passait un truc apparemment. Normalement, c’est prévu qu’il ne soit pas là mais il fera bien comme il veut. Contrairement à la naissance de notre aînée, je ne pose aucune attente sur lui. Je n’ai pas envie de passer mon temps à lui en vouloir de pas être là où à le ménager parce qu’il a peur. Il est donc convenu que je ne m’occupe pas de lui et qu’il fasse sa vie ailleurs.
Il est quand même là avant l’arrivée de ma sage-femme et de ma doula. C’est d’ailleurs un heureux concours de circonstances car c’est sur notre terrasse entre deux vagues que nous trouvons le prénom de notre bébé que je sens bouger comme un petit poisson.
Je lui demande de descendre la baignoire pliante et de la remplir. Ça lui va bien de faire des trucs logistiques. Il l’installe dans l’arrière cuisine. La pièce la plus moche de la maison qu’il me dit. Mais bon, on fait comme on peut hein. Au moins, j’ai une belle vue en face de moi.
Olivia, mon aînée, se lève je ne sais plus vers quelle heure, sans doute 8h-8h30. Elle passe un moment avec moi dans la baignoire. Elle me verse de l’eau sur le dos à chaque fois qu’une vague me traverse. Je trouve ça tellement beau qu’elle soit à mes côtés <3 <3 <3
Hélène, ma sage-femme, arrive discrètement vers 9h30-10h. Je lui dis que j’espère ne pas l’avoir appelé trop tôt. Elle me dit que je l’ai appelé au moment parfait. C’est sans doute pour me rassurer mais ça me fait du bien de l’entendre tout de même.
Thomas s’inquiète de sa discrétion. Ah… cet homme… Il ne réalise pas à quel point un enfantement peut se lire à distance. Je lui dis qu’elle écoute mes sons.
Eléa, ma doula, arrive aux alentours de 11h.
Ma sœur Iwä est là aussi. Il est prévu qu’elle s’occupe d’Olivia si besoin. Je me sens vraiment soutenue. Je sais que je n’ai rien d’autre à penser qu’à moi et mon bébé qui s’en vient.
Contrairement à mon premier accouchement, j’arriverais à manger pendant toute la durée du travail.
Dès que j’en ressens le besoin, je file sous la douche. La chaleur me soulage beaucoup. Ça fait du bien 🙂 Au final, je ne retournerais pas dans la baignoire. La douche est plus efficace.
14H (c’est grâce aux photos que je peux mettre les horaires parce qu’en vrai je n’ai aucune notion du temps). Je pars m’isoler dans la pièce que j’ai préparée pour l’enfantement. Ça doit être à ce moment là que je demande à être seule. J’ai su après que ça avait beaucoup inquiété Thomas que je sois seule. Oui oui, il a le don de s’inquiéter au moindre truc, d’où le fait qu’il n’était pas censé être là à la base.
Je sais plus exactement à quel moment, ma sage-femme m’a demandé si elle pouvait m’examiner. J’ai accepté mais je ne voulais pas savoir où j’en étais. Elle m’a dit qu’il restait un tout petit peu de col mais je ne sais pas si c’est vrai ou si c’était pour ne pas me décourager. Je lui demanderais quand je la verrais. J’ai hâte de reparler de l’accouchement avec elle, qu’elle me partage son ressenti et j’ai envie de lire son compte-rendu d’accouchement aussi.
Ma doula et/ou ma sage-femme (c’est un peu flou) m’ont demandé si j’avais des peurs.
Peur d’aller à l’hôpital. Peur que ce soit encore long. Peur de me casser en deux…
C’était bon d’exprimer mes peurs, de me permettre de douter puis de me sentir rassurée. Pour la première fois de ma vie, j’embrassais pleinement ma vulnérabilité, tout autant que je me connectais à ma puissance.
Vers 16h, je retourne sur la terrasse. Là, j’ai conscience de l’heure qu’il est car je vois Thomas préparer Olivia pour sa sieste. Je me rends compte que je reviens un peu dans la réalité ordinaire, car je dis aux filles de donner le ballon à Thomas. C’est leur rituel. Thomas met Olivia en portage, il rebondit sur le ballon en chantant et notre fille s’endort en quelques minutes. Apparemment, mes cris (que dis-je ??? Mes hurlements !!!) ne l’ont pas dérangé du tout pour s’endormir et ont nullement perturbé ses deux heures de sieste.
16h20. Je sens un truc qui sort de moi. C’est le bouchon muqueux. Me voilà euphorique. Trop bien !!! Il se passe un truc !!! Je suis tellement contente ! Ah ! C’est donc ça le fameux bouchon muqueux ! Mais c’est énorme !!!
C’est vraiment devenu très intense à ce moment là. Quoi que ça l’était sans doute déjà avant, mais l’intensité a augmenté après la perte du bouchon muqueux il me semble. Je ne sais plus trop bien mais je me souviens de l’intensité de ce moment sur la terrasse. J’avais besoin de contact avec le sol. J’avais besoin de me pendre à cette grande écharpe, de m’agripper de toutes mes forces. J’ai tenté toutes les poses possibles et imaginables.
Ma sage-femme et ma doula se relaient pour me soulager.
Autant, le matin, je vocalisais dans mon coussin d’allaitement en pensant aux voisins. Là, j’en avais plus rien à faire. Tant pis si toute la rue m’entend. Après tout, c’est la vie, une femme qui enfante.
Je crois que j’ai envié l’espace de quelques secondes toutes les femmes qui accouchent en moins de 5 heures. Pourquoi ça va vite pour elle et pas pour moi ?
17h (je suppose). Je vois une flaque par terre. C’est la poche des eaux qui a rompu ? Sûrement. Je m’attendais à plus d’eau que ça. Là, c’est vraiment très intense. Une jambe dans l’écharpe, l’autre au sol. Là par contre, je pouvais plus lever ma jambe toute seule.
Hélène écoute le cœur de mon bébé. Tout va bien.
Me relever quand je suis au sol est très compliqué. Quant à marcher, là, vraiment, je marche en canard. Je galère de ouf à marcher toute seule.
Je vais chercher de la réassurance auprès de ma sage-femme. Je lui demande si je vais y arriver et sûrement que je lui demande d’autres choses mais je ne me souviens plus quoi. J’ai juste besoin d’entendre que ça va aller, que je le fais, que je suis en train de le faire. J’adore cette photo qui me rappelle ce moment :
Eléa, ma doula m’a régulièrement chuchoté les belles phrases positives que j’avais affichées sur mon mur, dans la pièce où j’étais censée enfanter. Elle m’a rappelé de profiter de mes pauses. Elle m’a rappelé que j’étais capable, que j’étais en train de le faire. Elle m’a dit que j’étais une déesse, que j’étais puissante… J’avais besoin d’entendre tout ça…
17h30 (je crois). Je retourne dans la maison tant bien que mal. Eléa et Iwä m’aide à avancer un pied devant l’autre. Mon bébé est bien descendu dans mon bassin. C’est donc ça ! Je n’avais jamais ressenti ça lors de mon premier enfantement.
Je n’ai plus beaucoup de répit entre deux vagues. Ma doula et ma sœur appuient super fort de chaque côté de mon bas du dos à chaque fois que l’intensité me traverse. Et moi je leur dis « plus fort encore !!! », ce qui leur a valu des courbatures pendant 3 jours. Franchement, c’était salvateur. Je mesure à quel point elles ont tout donné !
Ma sage-femme me demande plusieurs fois si je sens que ça pousse. Je crois qu’à un moment j’ai dit que j’allais faire une grosse crotte (lol). Ça poussait un peu mais c’était pas irrépressible non plus. J’accepte un deuxième toucher vaginal parce que je sens que ça ne sera pas pour rien. « Ton rectum est plein Marie, faut que tu ailles faire caca ».
J’aurais pu faire caca sur place, mais non, je veux absolument aller aux toilettes. Bizarrement, j’ai l’impression que je marche un peu mieux et que j’ai quelques secondes de plus entre deux vagues, le temps de me rendre aux toilettes.
Je ferme la porte. Je suis seule aux toilettes. Ma mission : faire caca. Moi qui avait peur de faire caca en accouchant, c’est en faisant caca que j’ai réussi à accoucher. Ironie du sort. Si vous êtes chochotte ou complexé.e du caca comme je l’ai été par le passé, arrêtez de lire.
Pendant que je fais caca, je sens une grosse boule dans mon vagin. « Ça brûle, ça brûle !!! ». Ça ne brûle pas longtemps, quelques secondes à peine. « Je sens sa tête !!! » Je trouve ça complètement ouf, je sens la tête de mon bébé. Tout le monde arrive en trombe dans les toilettes. Hélène met une alèse par terre. Je dis que j’ai pas fini de faire caca. J’en rigole en écrivant !!! Je me souviens de la douceur de ma sage-femme qui efface les traces de « mon caca en cours » en toute discrétion. Je ne sais pas comment elle a fait, mais elle l’a fait.
Je me rapproche du sol, je me mets à quatre pattes je crois ou une jambe devant l’autre, je ne sais plus très bien. Je sens que j’aurais pas la force d’attraper mon bébé. Elle a glissé comme sur un toboggan pour atterrir sur l’alèse par terre. Je n’ai pas poussé du tout, c’est mon corps qui a fait tout seul. C’est donc ça le réflexe d’éjection du fœtus !!!
Je prends ma fille dans mes bras. Elle est toute glissante. Thomas arrive à ce moment là je crois. Il venait de rentrer du garage depuis trois minutes à peine. Je lui dis que j’avais un gros caca qui bloquait. Jamais j’aurais osé dire un truc pareil en tant normal. Thomas s’inquiète de savoir si notre fille respire bien (oui oui il s’inquiète beaucoup cet homme. On comprend tout de suite mieux pourquoi il n’était pas spécialement invité à l’enfantement de son bébé). Je demande à quelle heure elle est née. Va savoir pourquoi c’est si important. Il y a une discussion sur 17h59 ou 18H. Moi je m’en fous. Notre fille est là. Je l’ai fait ! On l’a fait !!!
Mon aînée se réveille de sa sieste dans la foulée. Elle arrive dans les bras de ma sœur. C’est tellement ouf qu’elle puisse voir sa sœur à peine quelques minutes après sa naissance. Nous n’aurions jamais eu cette chance à l’hôpital.
Je garde un délicieux souvenir de cet enfantement à la maison. L’intensité, la joie d’être chez moi, ma Team de Rêve. J’ai aimé que ma fille soit présente par moment. Je ne sais pas si elle s’en souviendra plus tard, mais ça me rend fière que ça soit sa norme.
J’ai finalement aimé que Thomas soit là en début de travail, mais je n’ai pas tellement aimé sa présence quand c’est devenu plus intense. Même le peu qu’il a été là, tant d’intensité lui fait peur et lui demander de m’appuyer dans le bas du dos super fort, c’est trop pour lui… J’ai su après qu’il avait un peu déversé son stress sur les filles. Vous êtes des guerrières les meufs !
Je me sens privilégiée d’avoir eu ma sage-femme, ma doula et ma sœur à mes côtés #sororite #gratitude
La plupart des récits d’enfantement s’arrêtent ici. Et pourtant, la naissance est loin d’être terminée.
Il reste le placenta et j’en ai pleinement conscience. Je me souviens d’avoir dit tout haut « je sais qu’il reste le placenta à sortir ». Hélène semblait hyper zen avec ça et moi j’y pensais quand même pas mal. J’avais lu que si on avait tendance à se « relâcher » après la naissance du bébé, cela pouvait entraver la naissance du placenta.
Nous sommes allées nous installer dans la chambre du bas que j’avais préparée spécialement pour ce bel enfantement. Thomas et Olivia sont à mes côtés lors de ces premiers instants. Quelle joie d’avoir mes deux filles avec moi ! Océane a tété assez rapidement. Je n’ai pas trop la notion du temps mais je dirais qu’elle a tété dans la demie-heure qui a suivi sa naissance. Elle a tété les deux seins. Une téteuse en cheffe comme sa sœur !
J’ai eu des contractions pendant la tétée et même après. C’était plutôt désagréable. Je commençais à avoir hâte que le placenta naisse mais rien, RAS, pas une goutte de sang à l’horizon. Au bout d’1h-1h30, j’ai commencé à adopter des positions pour me servir de la gravité : debout, accroupie… Rien de rien. Hélène me suggère d’aller faire pipi mais je ne fais que 3 gouttes.
Pendant ce temps, Thomas a eu le temps de faire un aller-retour pour ramener des sushis à la maison. Je finis par croire que ces sushis sont maudits. J’avais espoir que le placenta naisse durant son absence, étant donné qu’il n’était pas emballé de voir la naissance du placenta.
Ma fille est toujours attachée à son placenta.
Hélène vient me dire que ça fait trois heures que ma fille est née et que ça serait bien que la placenta naisse. Sa limite est 4 heures. Je ne veux pas aller à l’hôpital. Je donne tout. Je parle à mon utérus. Je parle à mon placenta. Ma sœur vient chanter au placenta que c’est l’heure de sortir. On a tout donné. VRAIMENT !!!
Je me souviens avoir dit qu’il fallait peut-être que je renonce au bébé lotus.
Encore à ce jour, je ne comprends pas pourquoi mon placenta ne s’est pas décollé d’un iota. J’étais chez moi, dans des conditions optimales. Alors, pourquoi ? Mon entêtement à vouloir un bébé lotus a fait croire à mon corps que je voulais garder le placenta ? Le dégoût de Thomas pour le sang et l’idée de voir le placenta l’a empêché de sortir ? Il est parti une heure, il aurait pu sortir à ce moment là. Est-ce qu’il y a quelqu’un dans la pièce qui n’y croyait pas ? Ai-je été trop distraite ? Pourquoi les placentas des autres sortent tous seuls sans effort ? Pourquoi le mien ne sort pas ?
Les quatre heures sont arrivées. Même si l’espace de quelques secondes, j’ai pensé rester là, quitte à ce qu’il sorte le lendemain, j’ai lâché prise et j’ai accepté le transfert. Cette idée ne m’enchantait pas du tout mais si j’avais fait ma rebelle à attendre chez moi coûte que coûte, ma rébellion n’aurait pas été soutenue par mon compagnon. De plus, j’ai engagé ma sage-femme pour assurer la sécurité de cet enfantement. Je l’ai engagé toute entière avec sa foi en la naissance ainsi que ses propres limitations. Je connais trop bien le statut des sage-femmes qui accompagnent les accouchements à domicile et je les soutiens à 10000% !!!
On a coupé le cordon avant d’aller à l’hôpital parce que je n’avais clairement pas envie de me batailler sur place pour garder mon bébé accroché à son placenta. On a pris la route avec Hélène, moi à l’arrière avec mon bébé dans les bras. On a prié pour que le placenta naisse pendant le trajet. Les vibrations de la voiture peut-être…
Et non, rien du tout !
Nous avons été bien accueillies. Pas de remarques désobligeantes sur l’enfantement à domicile. Les mentalités sont-elles en train de changer ? De là, on m’a expliqué tout ce qu’on allait me faire. Je n’étais pas tellement emballée à l’idée que quelqu’un vienne mettre sa main dans mon utérus pour aller chercher le placenta. Espoir qu’il sorte avant qu’on entreprenne tout ça… Non, toujours pas…
On m’a fait une rachi anesthésie. J’avais les jambes comme du coton. Ma sage-femme d’amour est restée à mes côtés tout le long de l’intervention. Je lui ai confié ma fille qui lui a tété le doigt pendant 1/4 d’heure. Une interne est allée chercher mon placenta et s’est pris un jet de sang d’au moins 400ml. Je n’ai pas vu la scène mais ça avait l’air surprenant !
On m’a fait une échographie pour vérifier que tout était ok. Moi qui avait espoir de sortir deux heures après, j’ai vite compris que ça n’allait pas être le cas. Ce n’est pas le truc le plus agréable du monde d’avoir le bas du corps anesthésié. Je me sentais vraiment impuissante, d’attendre là, les pieds dans les étriers.
J’ai demandé plusieurs fois à voir mon placenta. On m’a répondu à chaque fois qu’il était là, en me le montrant du doigt de loin. Il était dans une bassine en métal mais je ne voyais rien. C’était trop loin de moi. Tout le monde s’affairait autour de moi et n’offrait aucune considération à mon placenta. Il y a encore du travail à faire dans les hôpitaux pour qu’on arrête de le considérer comme un déchet bio-médical.
J’ai une reconnaissance éternelle envers ma sage-femme grâce à qui j’ai pu récupérer mon placenta. J’écrirais sûrement un article plus tard pour partager ce que j’en ai fait.
Peut-être ai-je une mission à accomplir pour accompagner les femmes, les bébés, les familles à honorer le placenta ? Je cherche encore le sens de ce qui s’est passé. J’ai besoin d’y mettre du sens.
Pourquoi je suis encore passé par la case hôpital ?
Pourquoi mon placenta n’a pas voulu sortir ?
Je chemine avec ça.
J’ai récupéré l’usage de mes jambes vers 4h du matin et je suis rentrée chez moi quelques heures après.
Malgré tout, je garde un merveilleux souvenir de la naissance de mon bébé à la maison.
J’aurais préféré rester dans mon cocon pour la naissance du placenta mais la vie en a décidé autrement. Les premières semaines, je n’arrivais pas à en parler sans verser toutes les larmes de mon corps. Aujourd’hui, ça va mieux. J’ai envie de faire des recherches plus poussées au sujet du placenta, cet organe sacré que le corps médical ignore encore. Peut-être n’aurais-je pas eu l’idée d’explorer ce terrain si tout s’était passé normalement ?
Affaire à suivre…