Jadis, dans un autre temps, il était une fois…
Je travaillais en salon de coiffure.
Quand j’ai commencé à m’immerger dans ce monde, je n’y connaissais absolument rien. Je ne savais même pas ce qu’était un brushing et j’étais ultra timide, en mode « je deviens rouge comme une tomate dès que je dois parler à quelqu’un« . C’est à se demander pourquoi j’ai choisi la coiffure à l’âge de 14 ans alors que la plupart des bons conseils du personnel de l’Éducation Nationale m’incitaient plutôt à choisir la voie de « secrétaire comptable » soit disant parce que j’avais des supers bulletins de note. Mouais… euh… Vous avez vu ma tête ? J’ai une tête à m’enfermer dans un bureau à faire des calculs toutes la journée ??? Avec le recul, je me dis que malgré ma timidité de l’époque, j’ai quand même réussi à tenir mon cap et ne pas me laisser influencer. Je pense que c’est aussi grâce au regard bienveillant de mes parents qui pour rien au monde ne m’aurait forcé à aller vers une voie que je n’avais pas envie de suivre. Nous avons pourtant entendu tout un tas de choses : « avec tes problèmes de dos, tu ne tiendras jamais », « c’est un secteur bouché, tu trouveras jamais de boulot… » et j’en passe et des meilleures… Arf, elle est belle l’éducation qui est censé encourager les jeunes à révéler leur talents et explorer leur créativité. Bon, je m’égare là, ce n’est pas le sujet.Alors voilà qu’à 14 ans, presque 15, je me suis plongée dans le monde de la coiffure. J’ai même décroché une médaille d’Or et une médaille d’argent au Concours du Meilleur Apprenti départemental puis régional, grâce à mon travail acharné.
L’Artistique me faisait déjà de l’œil à l’époque mais je n’avais pas la conscience d’esprit que tout ce qui est lié à l’expression artistique pouvait être un « vrai métier ». Bon… là aussi, c’est un autre débat. Ça y est ! J’en viens aux faits. Je n’ai pas oublié que c’est à toi que je parle, belle déesse de l’Univers, traumatisée des coiffeurs. Si tu savais à quel point je te comprends.Au-delà de la technique, le travail en salon de coiffure m’a appris énormément sur les relations humaines.
La coiffure est un des métiers où c’est clairement difficile de faire semblant. Que ce soit en tant que professionnel ou en tant que cliente, même si je te l’accorde, il y en a qui savent très bien jouer la comédie… tu peux pas « faire genre ». Franchement, ça se voit comme le nez au milieu de la figure quand les gens font semblant. Quand j’étais stagiaire, puis apprentie, j’ai un peu appris « à la dure ». On ne m’a pas maltraité hein… mais bon, c’était pas si simple… mais après ça, j’ai tout de même trouvé mon premier travail salarié d’un coup de baguette magique. Elles étaient loin les paroles du genre « tu trouveras jamais de boulot, c’est un secteur bouché, et blablabla… ». J’ai intégré l’équipe d’un salon super dynamique, meilleur ouvrier de France, où j’ai beaucoup appris, évolué, et ai été challengée un maximum.Il m’a fallu faire ma place, prendre pleinement confiance en moi, m’améliorer sans cesse, jusqu’à ce qu’au bout de cinq années, je commence à me poser des questions.
Alors qu’à mes débuts, on m’avait vanté l’importance de la relation client et de la qualité du travail avant tout, ces belles paroles avaient l’air de s’envoler aux oubliettes. On aurait dit que ma hiérarchie était en train de perdre la mémoire.Soudain, il fallait prendre des clients vite fait entre-deux et me dépêcher à faire mes massages.
Oui, oui, tu as bien lu : dépêcher ET massage. C’est super compatible hein 😉
Je me souviens que pendant un laps de temps, j’ai essayé de faire ce que l’on me demandait, sauf que… ce n’était pas moi et ça en pâtissait sur mon travail et sur la relation de confiance que j’avais établi avec mes clients. Mon « contorsionnage » fut de courte durée et j’en ai fait qu’à ma tête. Peut-être que je suis passée pour une rebelle, j’en sais rien. Je crois que parfois, je disais « oui oui » et je n’en faisais qu’à ma tête qu’en même et d’autres fois je disais des « non » catégoriques !J’étais la coiffeuse qui ne vendait pas assez et qui passait trop de temps avec ses clients, mais je m’en foutais.
J’avais de bonnes relations avec mes clients et tous les clients « chiants » n’étaient pas pour moi. De toute façon, mon carnet de rendez-vous était rempli. Je n’avais pas de place pour les « clients chiants ». Résultat : je n’avais que des clients sympas et au fil du temps, j’ai remarqué que je récupérais de plus en plus de traumatisées des coiffeurs. Très régulièrement, des clientes me racontaient leur expérience de coiffeur ratée. Toutes ces fois où elles ne se sont pas senties écoutées, toutes ces fois où elles se sont retrouvées avec 10 centimètres de moins alors qu’elles voulaient garder leur longueur, toutes ces fois où elles se sont retrouvées les cheveux rouges alors qu’elles voulaient une couleur naturelle ou inversement… Ça a commencé à se gâter quand certaines d’entre elles étaient des habituées de ma patronne et qu’elles venaient un jour où elle n’était pas là, pour réparer les dégâts. Franchement, là, ça craint vraiment. Après, je ne suis pas exemplaire et je suis sûre qu’à mes débuts et même après, je me suis moi aussi laissée gagner par la pression de la hiérarchie et j’ai sûrement déçu certains clients. Si c’est le cas, j’en suis sincèrement désolée. Toujours est-il qu’aujourd’hui, je trouve cela intolérable qu’encore énormément de femmes galèrent à trouver un coiffeur ou une coiffeuse à leur écoute. L’écoute et la bienveillance, c’est la base quand même non ? Il y a deux jours, j’ai fait un appel à témoignages sur Instagram pour que vous me racontiez votre meilleure et votre pire expérience de coiffeur ! J’ai halluciné du nombre de messages que j’ai reçu ! « Un mec qui m’a teint en blonde sans me dire que ça n’allait pas partir avant plusieurs années… Je lui ai dit que j’étais pressée, au bout de 3h c’était pas encore fini. J’avais les cheveux mouillés mais je devais vraiment partir. Du coup, il m’a crié dessus et fait payé plein pot comme s’il m’avait fait le brushing final… Bon, le reste du temps, j’ai été bien traité. » – Laure. « Le peu de fois où je me rends chez le coiffeur, ça ne va jamais. Je suis toujours déçue. La coupe n’est pas comme je veux alors que j’explique mes attentes. Du coup, je me coupe les cheveux moi-même et c’est plutôt bien. J’ai l’impression que le coiffeur n’écoute pas. Je lui dit que je veux une frange pas trop courte et je me retrouve avec une frange super courte. Bref, le coiffeur, c’est pas pour moi. » – Stéphanie. « Géneralement, les coiffeurs n’aiment pas beaucoup me voir débarquer dans leur salon. J’ai les cheveux frisés, ça doit les effrayer et ça m’effraie aussi du coup. Je n’y vais quasiment jamais. » – Anonyme. « Un jour, je suis allée pour couper les pointes et un léger dégradé. Elle a voulu me lisser les cheveux et couper sur cheveux secs. OK. Mais à refuser le dégradé sous prétexte qu’elle ne savait pas comment ça allait tomber avec mes boucles :(. En gros, elle ne maîtrisait pas du tout les cheveux bouclés. Elle m’a fait une coupe droite au niveau des épaules. Je me suis retrouvée avec le fameux triangle des cheveux bouclés. Racines toutes raplapla et tout le volume en bas. Horrible !!! Je vais rarement chez le coiffeur. Ça doit faire 4-5 ans que je n’y suis pas allée parce que j’ai jamais trouvé quelqu’un qui arrivait à couper ma chevelure très épaisse et ondulée/bouclée. Ma masse de cheveux peut faire peur. Je me les coupe toute seule, ce qui n’est pas idéal. » – Mélissa Bon, parmi tout ça, j’ai quand même reçu un témoignage positif : « Moi tout va super bien car c’est toi qui me coupe les cheveux depuis bientôt 2 ans ! Coupe courte au top, qui rend toujours bien quand ça pousse 🙂 A chaque fois que je te demande ce que je veux, tu captes tout tout de suite – et ça, c’était pas gagné avec les autres coiffeurs. J’avais l’impression de leur dire n’importe quoi… Rien à dire, tu es vraiment parfaite. » – Marion Et après ça, j’ai reçu un témoignage magnifique qui en dit long sur l’importance de l’écoute et de la relation humaine : « Ma meilleure expérience est survenue au pire moment. J’allais souvent chez cette coiffeuse qui était plus chère que les salons Afro de Paris mais au moins j’étais bien accueillie et elle était passionnée par son boulot. Un jour, j’ai appris que j’avais des fibromes et en lisant sur internet, j’ai lu tumeur bénigne et j’ai paniqué au point de perdre mes cheveux et de me retrouver avec un trou de fou le lendemain matin. Il fallait tout raser et elle était là avec moi toute la soirée à me tenir la main alors que je pleurais toutes les larmes de mon corps. Je suis restée tard chez elle ! Elle m’a soutenu et m’a fait comprendre que je n’étais pas mes cheveux. C’était un moment éprouvant mais elle était là avec moi. Donc voilà mon meilleur moment. Je précise finalement que les fibromes ne sont pas dangereux et que je suis tombée sur une femme qui m’a balancé ça sans explications après un examen et qu’internet n’est clairement pas le bon endroit pour chercher des infos sur sa santé (rires) » – Cindy Après tous les témoignages négatifs que j’ai reçu, ça fait quand même du bien de lire qu’il existe encore des perles rares bienveillantes et à l’écoute sur cette planète. Alors chère toi, si tu es traumatisée des coiffeurs, je suis sûre que la bonne personne t’attend quelque part. Il y a forcément quelqu’un ou quelqu’une qui saura être pleinement présent.e pour toi. Ça me révolte toujours autant que lorsque j’ai quitté les quatre murs du dernier salon de coiffure où j’ai travaillé, de voir, de lire et d’entendre toutes ces femmes que l’on prend pour des numéros. Ça m’énerve alors j’ai ressorti mes ciseaux (qui n’ont jamais été bien loin finalement…) et j’ai créé (R)évolution Capillaire ! Partage ce message à toutes les femmes qui en ont besoin et si tu as trouvé un coiffeur ou une coiffeuse géniale, dis-le nous en commentaires, qu’on se rende compte que ça existe pour de vrai. La (R)évolution Capillaire et en marche ! Si tu es sur la métropole lilloise, sur Nantes ou dans le Sud de la France, contacte-moi et prenons rendez-vous pour ce moment hors du temps <3 <3 <3En savoir plus sur Marie Guibouin
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Je suis surprise que les questions indiscrètes/lourdes et le bavardage incessant/superficiel ne fassent pas partie de la liste des pires expériences chez le coiffeur
Merci pour ton partage Isabelle. Je n’y ai jamais été confrontée pour ma part mais tu as raison ça existe bel et bien. C’est aussi pour cette raison que j’ai eu l’inspiration de créer ce doux cocon : http://marieguibouin.com/revolution-capillaire/