Ceux qui me connaissent le savent. Depuis que j’ai quitté la coiffure en 2011, je me coupe les cheveux toute seule. Les seules fois où j’ai laissé ma chevelure entre les mains de quelqu’un d’autre, c’était un coiffeur artiste un peu barré sur Lille que l’on a mis sur mon chemin par hasard… ou pas 😀 J’en ai parlé il y a deux jours sur Instagram :

Maintenant que tu as lu ta séance de rattrapage, entrons dans le vif du sujet.

Ce n’est pas que j’ai une peur bleue des coiffeurs en soi. Au pire, je peux toujours prendre mes ciseaux en rentrant chez moi, même si c’est triste de dire ça je te l’accorde. C’est juste que… pour avoir côtoyer ce milieu pendant 10 ans, je n’ai jamais vraiment trouvé l’élan de remettre les pieds dans un salon. Mis à part, chez ce monsieur qui avait son petit atelier coiffure (il n’aimait pas dire « salon de coiffure ») qui ne payait pas de mine, mais qui avait une grande compréhension de l’humain et un excellent savoir-faire.

Ce jeudi 20 décembre 2018, je me décide donc ENFIN à appeler LE salon de coiffure conseillé par la propriétaire du gîte où nous habitons. Elle me dit de demander « Jessica » et ne m’en dit que du bien. Par contre, elle me prévient que ça risque d’être long pour avoir un rendez-vous avec elle. Je m’en fous, je ne suis pas pressée. Puis, avec les fêtes, je ne m’attends pas à avoir un rendez-vous dans l’immédiat.

A ma grande surprise, on me propose un rendez-vous dès le lendemain à 18H ! Je suis choquée d’obtenir un rendez-vous si vite. Je sais que je suis en pleine détresse capillaire mais quand même, je vais survivre hein !

Le 21 décembre 18H arrive à grand pas et ça commence bien parce qu’arrivée à l’adresse indiquée sur mon GPS, je n’arrive pas au bon endroit. Ça me fait rire rien que d’y penser ! J’arrive dans une petite zone commerciale. Il y a bien un salon de coiffure mais ce n’est pas le bon. OK…

Je les appelle parce qu’en plus je ne connais pas du tout le coin. Du coup, je vais arriver en retard et je déteste être en retard. Il se trouve que c’était 5 minutes plus loin et la coiffeuse en question avait aussi du retard donc tout va bien.

J’annonce que j’ai rendez-vous avec Jessica et on m’installe dans un coin où j’attends tranquillement mon tour. Ça ne me dérange pas d’attendre. Pour avoir été de l’autre côté pendant des années, je sais à quel point tu peux prendre une demie-heure de retard dans tes rendez-vous, entre le téléphone, l’accueil des clients, les imprévus, en plus en plein rush des fêtes de fin d’année. Je suis super compréhensive sur le sujet. J’aurais bien aimé qu’on me prévienne, ça aurait été la moindre des choses, mais franchement, c’est juste pour chipoter parce que je n’en tiens pas rigueur du tout.

Ce brouhaha incessant des salons de coiffure ne m’avait pas manqué. Je ne ressens aucune nostalgie pour cette période de ma vie. Ça a été une étape, un tremplin vers autre chose. Un lieu où j’ai appris énormément, mais je n’y reviendrais pas.

Une coiffeuse termine sa cliente et je suis persuadée que c’est elle « Jessica ». Finalement, elle va vers une autre cliente. Bon, ça doit pas être elle alors. Pourtant, c’est bizarre, j’en étais quasiment sûre. Bref, c’est pas grave.

J’attends. Je suis en mode « observation ». C’est fou tout ce qu’on peut observer quand on est une cliente qui attend. Je n’avais jamais mesurer à quel point. Je ne regarde pas l’heure. Je ne squatte pas mon téléphone. Je ne lis pas de magazine. J’observe.

Au bout d’un moment, une jeune fille brune vient vers moi. Il semblerait que ce soit mon tour. Quand il faut y aller, il faut y aller ! C’est parti !!!

Avant de venir, je me suis coiffée exprès les cheveux bien en l’air histoire qu’on comprenne bien que je déteste avoir les cheveux plats. Surtout que la cliente qui m’a précédé est sortie avec les cheveux plats bien lissés, ce qui lui allait très bien d’ailleurs, mais dans mon cas ce n’est pas mon souhait. J’aime le volume, la folie, le fun, en bref, je n’ai pas envie d’un truc classique. Dans mon non-verbal, on voit bien que quand je passe ma main dans mes cheveux, c’est pour les mettre en l’air et non l’inverse. C’est super important le non-verbal en coiffure. Et pas qu’en coiffure d’ailleurs. On en dit beaucoup par nos comportements et nos gestuels. Je dis à la jeune fille que j’ai envie d’une coupe asymétrique rasée sur un côté avec des dessins. Et pour le reste, du moment que je peux les coiffer dans tous les sens et les mettre en l’air ça me va. Je n’ai pas une idée arrêtée sur le dessin que je veux, je lui laisse carte blanche. Si elle veut essayer quelque chose qu’elle a jamais fait, elle peut laisser libre cours à sa créativité. Je n’ai pas la sensation d’avoir de grandes exigences. En gros, elle peut se lâcher sur mes cheveux !

Voilà qui est dit ! Direction le shampooing. Déjà un bon point : elle a pris le temps d’observer et de comprendre mes souhaits avant que je me retrouve les cheveux mouillés et qu’on y voit plus rien. Cool !

Sa faire shampooiner est plutôt agréable. Je devrais allez chez le coiffeur juste pour ça en fait. Puis direction le grand miroir pour le moment fatidique de la coupe de cheveux. Je ne dis pas que je suis (j’étais ?) coiffeuse. J’ai à faire à une personne très appliquée, qui respecte bien les techniques de coupe qu’on lui a appris à l’école. Pour le dessin, elle s’aide d’un modèle trouvé sur Pinterest. Ça ne me dérange pas plus que ça, du moment que ça ressemble à quelque chose.

Arrive le moment du séchage où je me retrouve avec les cheveux tous plats. Je suppose que c’est pour mieux voir, pour terminer ma coupe sur cheveux secs. Bah… en fait… non… c’est fini. Euh… je vais vraiment sortir avec les cheveux tous plats comme ça ? me dis-je mentalement. J’encourage la jeune femme à me les coiffer le plus n’importe comment possible. Elle va chercher de la cire, essaie tant bien que mal, mais c’est toujours aussi plat. Elle me dit qu’elle n’est pas à l’aise avec ce genre de coiffage. Ça a le mérite d’être honnête. Du coup, c’est pas très grave. Au pire, je les recoifferais chez moi. On vient lui signaler qu’il est 19H15 et que sa prochaine cliente attend.

Je paye mon dû. Elle me donne une carte de fidélité et je m’en vais avec le sourire. J’ai beaucoup de compassion pour cette jeune fille. Je pense qu’elle n’a juste « pas osé ». Moi aussi, j’ai eu ma période où je n’osais pas. J’ai presque envie d’y retourner pour l’encourager. On verra ça dans 2-3 mois. Je ne sais pas encore si je les couperais moi-même ou si j’irais ici ou ailleurs. C’est dans trop longtemps pour que je sache quelle sera mon envie du moment. D’ailleurs, ce n’était pas du tout la fameuse « Jessica » qui m’a coiffé mais c’est pas grave.

Arrivée à la maison, je tente de me recoiffer mais au bout de 2 minutes, c’est de nouveau tout plat. Mon conjoint me regarde d’un air sceptique. Je crois qu’il pressent déjà que je vais prendre les ciseaux pour retailler dedans. Mais non, ça va le faire, je vais refaire un shampooing, les sécher et ça va aller. Ce que je fais aussitôt finalement.

Le soir nous sortons et le lendemain matin au réveil, arriva ce qui était prévisible. J’ai pris mes ciseaux et j’ai refait toute la coupe. Sauf, les dessins que j’ai gardé intacts. Au moins, je n’y suis pas allée pour rien.

Bref, je suis allée chez le coiffeur et j’ai refait ma coupe le lendemain.

Je ne suis pas traumatisée plus que ça, car une fois que je les ai recoupé, je me suis sentie super bien en mode libérée délivrée !!!

Je n’ose imaginer l’impact que cela peut avoir sur une personne qui ne maitrise pas cet Art et qui ne se reconnait pas dans le miroir chaque matin…

Bilan : tout va bien.

Je caresse simplement le rêve d’un jour, être écoutée, me sentir comprise et vivre une expérience capillaire positive du début à la fin. Sortir de cette expérience sans avoir l’envie de les recoiffer et/ou des les recouper juste après. Je sais que c’est possible. Peut-être que c’est rare, mais c’est possible. Crois-moi, chère perle rare, où que tu sois, lorsque je t’aurais trouvé, je ne suis pas prête de te quitter.

Et toi ? Ta dernière expérience capillaire, ça a donné quoi ?